Suite de l'aventure pour la team ACTION

Petit tour d'horizon rochelais

Avant de poursuivre notre tour de France, nous avons rencontré des jeunes acteurs locaux de La Rochelle : après Blutopia et La Super Ferme la semaine passée, ce fut au tour de Marius Ruchon des Blairoudeurs, et Maëlle Errard et Louis Mirande des Héritiers de la Récup.

Les Blairoudeurs

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Marius est un féru de Nature, fasciné par la faune et la flore de sa région natale, la Creuse, mais aussi par celle de La Rochelle depuis tout petit. Dans une volonté d'agir, il a fondé les Blairoudeurs en Novembre dernier. Son association a beau être à ses prémices, elle a déjà attiré l'attention, notamment avec "La journée de la haie", qui visait à recréer des haies sur une parcelle agricole, afin de redonner un espace à la biodiversité. Par ce genre d'actions concrètes, les Blairoudeurs s'inscrivent dans une démarche de revalorisation du monde agricole, celle qui respecte à la fois la Nature et l'Homme. La vague d'engouement pour l'écologie est à la fois source d'optimisme et de crainte pour Marius. Il nous a confié ne pas vouloir trop s'enthousiasmé, au cas où ce soit qu'un effet de mode. Il reste malgré tout positif, puisque : "La grande qualité de l'Humain est sa force de compassion", et il espère que cette qualité nous permettra de prendre les choses en main pour préserver l'environnement, et ne pas foncer dans le mur.

Les Héritiers de la Récup’

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Nous avons été ensuite accueillies dans les locaux de coworking Bastion, par Maëlle et Louis des Héritiers de la Récup. L'objectif premier de l'association était à la base de créer du lien autour de la récupération. L'idée de se concentrer sur la transmission intergénérationnelle des savoirs, tout en créant du lien autour d'une consommation plus responsable, a séduit notre duo. Les Héritiers de la Récup est né de cette volonté de lier un aspect social à la protection de l'environnement, mais aussi d'une quête de sens chez Maëlle et Louis. Louis a également tenu à faire un clin d'oeil au directeur d'Avenir en Héritage, Jean-Christophe Pauget, qui a su lui insuffler une volonté d'agir, à travers ses cours d'Humacité à Excelia. Quand à Maëlle, notre thématique de projet lui était plus que familière, puisqu'elle a elle-même rédigé son mémoire sur la notion d'engagement, qu'elle définit comme un fil rouge tout au long de notre parcours de vie. Dans le futur, Louis souhaite s'investir dans le secteur de l'économie circulaire, un beau projet en adéquation avec ses valeurs et celles des Héritiers de la Récup. L'entretien fût ponctué de rires et de tentatives de concentration, ce qui annonce quelques manipulations de montage, mais aussi quelques scènes de bêtisier !



C'est l'heure du grand départ, Paris nous voici nous voilà !

Après avoir finis nos interviews à Bordeaux et La Rochelle, nous avons pris la route pour Paris, étape suivante de notre tour de France. Pour résumer cette semaine à la parisienne, nous sommes allées voir :

  • Nouma Khaznawi, en service civique à La Fabrique Ecologique et co-fondatrice de Eco Habitons ;

  • Antoine Pourcel, chargé de communication à Mouvement Impact France ;

  • Maud Vattebled et Mathilde Bouilland en service civique, ainsi que Sophie Boisselier en stage de recherche chez Les Incroyables Comestibles ;

  • Lucie Vegrinne, co-directrice de Climates ;

  • Mathieu Ravard et Mélissande Riela, co-fondateur et chargée de communication chez GreenGo.



La Fabrique Ecologique et Eco Habitons

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Après avoir tout juste eu le temps de déposer leurs valises, nous sommes allées à la rencontre de Nouma, volontaire en service civique à La Fabrique Ecologique et co-fondatrice d'Eco Habitons. C'est une globe trotteuse prônant l'écologie concrète. Après avoir passé 1 an au Pérou à 16 ans, elle s'est découvert le goût de l'aventure, et aussi un intérêt pour l'écologie et la solidarité internationale. Nouma s'est donc renseignée sur le sujet, et a développé un attrait tout particulier pour des thèmes encore peu abordés, tels que l'écologie décoloniale, féministe ou sociale. C'est de cet intérêt qu'elle a fondé avec des amis l'association Eco Habitons, qui vise à promouvoir la diversité des discours et pratiques écologiques dans le monde. Elle s'intéresse aussi beaucoup à l'intersectionnalité des luttes, et rejoint Emilia N'Goadmy sur le fait que les inégalités s'accumulent. Nous avons apprécié son honnêteté, et il est intéressant de voir le chemin que Nouma a parcouru pour atteindre son niveau d'engagement actuel, alors qu'elle nous confiait avoir d'abord "fait l'autruche". C'était une manière de se protéger, parce qu'elle savait que si elle décidait d'ouvrir les yeux, elle allait faire face à une montagne qui peut paraître insurmontable, et qu'une fois lancée, elle ne pourrait plus faire marche arrière. Nous avons beaucoup apprécié discuter avec Nouma autour de l'écologie invisibilisée des banlieues ou des autochtones, mais aussi partagé son avis sur le phénomène de l'écologie et de l'écocitoyen, sujet quelque peu accaparé par une classe privilégiée et urbaine, et qui reste encore trop individualiste.


Mouvement Impact France

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Antoine est chargé de communication pour le Mouvement Impact France. C'est le 1er réseau lobbying et business des acteurs économiques à impact social et écologique, qui défend le fait qu'efficacité économique n'est pas forcément en opposition avec justice sociale et transition écologique. Ne venant pas d'une famille particulièrement engagée, Antoine se sent parfois en rupture avec ses proches, et doit savoir gérer les incompréhensions quant à ses choix de vie. C'est un décalage que beaucoup de jeunes engagés peuvent parfois ressentir dès qu'ils sortent de leur cercle. C'est donc d'autant plus intéressant pour nous de comprendre ce qui les ont poussé à s'engager. Pour Antoine, il y a tout d'abord eu la découverte de sa conscience écologique lors de ses 2 premières années à Sciences Po, puis un voyage à Montréal. Là-bas, il a effectué un stage dans une association qui lutte contre l'exploitation des enfants, d'où est née son envie d'avoir un impact et que son travail ait du sens. Car pour lui, le travail est le lieu de l'engagement. Comme d'autres, il se pose la question de sa légitimité, ne s'identifiant pas forcément à l'image de la parfaite personne engagée. L'engagement peut aussi faire peur, et peut représenter une charge mentale supplémentaire. Comme Nouma, Antoine décrit le côté élitiste que peut prendre le mouvement écologique. Il critique notamment la compétition qui existe entre les sociétés de l'ESS pour incarner le modèle responsable écologiquement et socialement. En revanche, il se réjouit de voir l'intérêt grandissant pour une démarche à impact positif chez les entreprises, et la naissance d'une conscience plus éco-responsable. Il ne dépend que de nous, des consommateurs de pousser dans ce sens, car après tout "le premier frein à l'engagement reste soi-même".

Les Incroyables Comestibles

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Nous avons aussi eu la chance de rencontrer Maud, Mathilde et Sophie, respectivement volontaires en service civique et stagiaire en recherche chez les Incroyables Comestibles. Le mouvement des Incroyables Comestibles se définit comme "un mouvement participatif citoyen de bien commun, animé par l’idéal de nourrir l’humanité de façon saine pour l’homme et pour la planète". Ce fût un échange riche et nous nous sommes laissées aller à la discussion jusqu'à presque en perdre la notion du temps. Maud, Mathilde et Sophie sont trois profils singuliers et différents, engagées tant au niveau professionnel que personnel. Malgré des avis divergents sur quelques sujets, elles se retrouvent autour de la nécessité d'agir pour créer un monde meilleur, plus responsable (ex. petits producteurs, éleveurs, plus local) et plus juste (ex. les prix du bio et du local restent trop élevés et donc inaccessibles pour certains). L'écart des modes de consommation et de vie intra et intergénérationnels est parfois accablant, et le déni de certains leur semble simplement insupportable. Car une fois que l'on ouvre les yeux, il n'y a pas de retour en arrière, alors certains préfèrent "se voiler la face". Elles tiennent aussi à rappeler que le monde associatif n'est pas un monde de bisounours, que trouver du sens dans ce que l'on fait est aussi plus énergivore et chronophage, que l'on peut vite se sentir dépassé. Elles avouent se sentir parfois démoralisées lorsqu'elles se retrouvent face à la réalité de la société, en dehors du cercle de passionnés qui se démènent pour essayer de faire bouger les choses. Mais hors de question de baisser les bras! Maud dit qu'il faut alors "essayer de planter des petites graines dans les esprits", en espérant qu'elles prennent racine, ou comme le dirait Mathilde : "essayer d'être plus malin pour inciter les gens à changer leurs comportements".

Climates

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Lucie a pris de son temps entre son travail au 4/5 et son poste de co-directrice chez Climates pour nous accueillir dans son bel appartement Parisien. Climates est un laboratoire d'idées et d'initiatives cherchant à réunir des jeunes de tous horizons (volontaires, étudiants, jeunes professionnels) autour des enjeux climatiques. L'association a su acquérir une légitimité et a donc un pouvoir d'influence et de conseil sur "les décideurs". Depuis le lycée, Lucie se bat pour essayer de faire bouger les choses à son échelle. Elle se démenait, par exemple, pour instaurer des poubelles de tri dans son établissement. Son voyage en Californie à ses 18 ans l'a particulièrement marqué, choquée par la surconsommation et ses conséquences. A son retour, Lucie s'est dit qu'il était temps d'agir. Elle s'est retrouvée dans les valeurs portées par Climates, et on lui a proposé de devenir co-directrice de la branche française. Etant moins "virulente" que d'autres associations, Climates est plus souvent consulté par les pouvoirs publics sur des questions telles que le développement durable ou des initiatives plus responsables. Cela pose un dilemme à Lucie : l'association ne peut pas se prononcer au nom de tous les jeunes. Elle a donc l'impression de peut être faire de la demi-mesure et des compromis simplement pour respecter les codes, pour être entendu par les personnes dites "au pouvoir". Il y a aussi toujours l'impression de ne pas être suffisamment reconnu, ne serait-ce que de pouvoir vivre de son travail associatif. Malgré tout, Lucie reste plus qu'optimiste et prend du plaisir dans son engagement. Elle est heureuse de voir qu'elle arrive à faire avancer certaines choses, certains comportements. Ce sont ces petites choses qui lui donne l'envie et la motivation pour continuer, sa volonté est très inspirante.


GreenGo

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Pour conclure notre séjour parisien, nous nous sommes retrouvées sur les toits de Greengo. C'est une alternative française et éco-responsable aux grands noms du marché de l'hébergement comme AirBnB ou Booking. Tous les deux issus d'un parcours en école de commerce, Mathieu et Mélissande ont eu envie d'avoir un impact positif via leur travail. Mathieu, amateur de plongée et de surf, a directement pu constater l'effondrement de la biodiversité, notamment en la comparant avec les images des documentaires de J. Cousteau. Profondément choqué, c'est de là qu'est né sa haine du plastique, et son envie de faire bouger les choses. Il s'est alors lancé dans l'aventure GreenGo en tant que co-fondateur, et Mélissande est arrivée pour mettre sa patte à la communication. L'expérience GreenGo montre bien que business, entreprenariat et écologie ne sont pas forcément des termes antinomiques, que l'on peut vivre dignement de son activité, tout en restant en accord avec ses valeurs. Mathieu nous a d'ailleurs parlé de l'impact écologique, encore trop opacifié, de l'industrie du tourisme. Avec GreenGo, il cherche à déconstruire ce synonyme de "vacances = voyager loin et à l'étranger". Le "plus je vais loin, plus je suis socialement élevé" reste encore trop présent dans les mentalités. L'engagement est à la fois communautaire et personnel, et on retrouve toujours l'envie de se sentir utile, de pouvoir agir. L'engagement c'est un fil rouge à différentes intensités, mais il faut dépasser l'attitude du "on est au courant mais on a pas envie d'y prêter attention", que ce soit au travail, à la maison ou en vacances. Il faut aussi aller au-delà de l'écologie des plus fortunés, et rendre la thématique plus accessible, même si ce sont ces derniers qui ont l'impact le plus lourd. Qui plus est, Mathieu et Mélissande avouent que se lancer dans une démarche qui vise à changer les moeurs est long et fastidieux, et que cela implique de faire des choix. Cela peut alors sembler comme un renoncement, un compromis que certains n'ont pas envie d'entreprendre. Et il y a aussi la procrastination, cette tradition bien française, qui peut endiguer le changement. Malgré tout, tous deux reconnaissent que vivre en France représente une chance, d'avoir le droit d'entreprendre et d'être soutenu dans une certaine mesure. Qui plus est, le succès de GreenGo est le symbole d'une demande grandissante pour des expériences plus locales, plus authentiques et plus respectueuses. La question est de savoir si tout cela va assez vite par rapport à l'urgence de la situation.

Poursuivre l'aventure

Après cette semaine bien chargée en rencontres, la team ACTION reste sur sa lancée et part direction Strasbourg. Nous y rencontrerons ECOB, Octop'us et Isoria. Nous avons aussi prévu de faire une visite au Parlement Européen.

Pour nous suivre dans notre aventure, retrouvez-nous sur nos réseaux sociaux où nous réalisons quotidiennement des stories pour vous tenir au courant de nos étapes et de nos rencontres.

On vous retrouve la semaine prochaine pour un nouvel article pétillant !

Chloé & Emma, Team ACTION.