De nouvelles rencontres pour la team ACTION avant la fin d'un beau parcours

Une fin de parcours pour la team ACTION mais pas une fin d'aventure!

Deux semaines de périples à travers de jolies contrées françaises, et nous voilà déjà à notre dernière semaine de rencontres. Après un rapide passage à Annecy, où nous avons eu la chance de rencontrer Jeane Cless de Basilic Podcast, nous nous sommes arrêtées dans l'ancienne capitale de la Gaule romaine, Lyon, pour retrouver plusieurs personnes :

  • Azadée Kermani, stagiaire chez la Fondation Good Planet et fondatrice de Street'Act

  • Julie Caron, associé bénévole à Time For The Planet et membre de Project Rescue Ocean

  • Julien Vidal, fondateur du blog Ca Commence par moi, podcasteur pour 2030 Glorieuses et auteur de nombreux livres

  • Léo Cerosky, Lorelei Loiseau et Fabien Salossas, bénévoles chez les Jeunes Ecologistes

Nous sommes ensuite allées furtivement à Toulouse, pour collecter le témoignage de Faustine Lambin et Jérémy Pélissiéco-fondateurs d'Abeillons.

Puis, pour finir, nous avons échangé par visio avec Johan Reboul, fondateur du site internet Le Jeune Engagé et auteur du livre du même nom.

Une virée lyonnaise à la rencontre de différents acteurs, porteurs d'un message d'action

Fondation Good Planet et Street'Act

Après avoir déposé en coup de vent nos valises en arrivant à Lyon, nous avons été à la rencontre d'Azadée Kermani, étudiante à l'école ESCD 3A, stagiaire à la Fondation Good Planet et fondatrice de Street'Act.

La Fondation Good Planet s'engage pour la protection de l'environnement, et travaille sur deux axes pour y parvenir, qui sont la sensibilisation du public, et l'action de terrain. Par action de terrain, il s'agit de mener des projets de développement qui "contribuent à améliorer l’environnement, la qualité de vie des populations impliquées et à lutter contre le changement climatique."

Street'Act est une association fondée par Azadée lors de son Bachelor à l'école 3A. Convaincue que la bonne santé physique aide à la bonne santé mentale, l'équipe de Street'Act collecte toute sorte de produits d’hygiène pour les redistribuer aux sans abris lyonnais. A travers ce combat, elle souhaite lutter contre la précarité menstruelle, car "l'hygiène n'est pas un luxe mais un droit".

A seulement 23 ans, Azadée a déjà un beau bagage. Très naturelle, et en mode nomade avec son sac à dos qu'elle "trimballe" partout avec elle. Son voyage dans 8 pays d'Asie lui a ouvert les yeux, et c'est à ce moment là qu'elle a su qu'elle voulait faire bouger les choses. Elle a d'abord commencé avec le droit, une vocation évidente depuis toute petite, mais elle a découvert que lier droit et engagement était plus compliqué qu'elle ne le pensait. Elle s'est alors redirigée dans l'humanitaire et la biodiversité. C'est notamment lors d'un stage à Dakar au Sénégal, qu'elle a pu être témoin de l'urgence de la situation. Dakar est une ville vouée à disparaître à cause de la crise climatique, mais qu'en sera-t-il de ses habitants ? Cette expérience mêle à la fois des enjeux environnementaux et sociaux, illustrant la convergence des luttes. Lutter contre les inégalités en tout genre, c'est une mission qu'Azadée s'est confiée. C'est pour cela qu'elle a créé l'association Street'Act en France, qui lutte contre la précarité menstruelle. Comme toujours, ce sont les femmes les premières touchées, accumulant les injustices dans ce "monde d'hommes pensé par et pour les hommes". Azadée a dû apprendre petit à petit à déléguer son travail pour Street'Act, jusqu'à complètement passer la main. Ce fut une transition difficile mais nécessaire. Elle est ressortie grandi de cette expérience, et assure qu'il est primordial de partager son pouvoir d'agir afin de pérenniser l'action. C'est aussi une manière de remettre le combat à sa juste place, celle d'un combat commun.

En parlant de combat commun, Azadée nous parle aussi de la lourdeur qui accompagne souvent le terme d'engagement. Le burn-out militant n'est pas un mythe, d'où l'importance de s'épauler les uns les autres, de rejoindre un groupe. En revanche, elle avoue avoir idéalisé le milieu associatif et celui de la solidarité, alors qu'au final les deux fonctionnent sur le même modèle que celui des entreprises. Sauf qu'en plus, le travail fournit dans ce milieu n'est pas suffisamment valorisé, et qu'il est donc difficile d'en vivre. Il existe un réel manque de reconnaissance du travail dans le secteur associatif.

Quand on lui a demandé de nous parler de son engagement, Azadée nous a confié ne pas forcément se sentir légitime, qu'elle avait l'impression d'avoir encore trop de lacunes, qu'elle avait beaucoup d'étapes à franchir avant de se sentir véritablement engagée. Elle reconnaît que la transition prend du temps, et s'est aussi fixée un idéal à atteindre. Cela peut être frustrant parce que cela implique de faire des choix, tels que ne plus prendre l'avion, alors que d'autres ne se posent même pas la question, et qu'ils n'ont simplement pas le temps d'y songer. C'est encore une considération de privilégiés. Mais il ne faut pas baisser les bras, chacun peut agir à son échelle, et à son propre rythme.

Azadée tient à insister sur un point et rappeler qu' : au lieu de se plaindre, de râler et de diffuser du négatif, il faut agir, s'impliquer et "se bouger les fesses" ! Notre génération veut sauver le monde mais le chemin pour y parvenir est très long, trop long peut être ? Il est temps de prendre son pouvoir en main, nous en sommes tous capable en tant que tel.



Time For The Planet et Project Rescue Ocean

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C'est sur ces belles paroles que notre team a médité avant de s'endormir...mais malheureusement, un énorme papillon de nuit en avait décidé autrement, et ne nous a pas laissé de répit : pas le temps de se reposer pour la team ACTION ! Déjà l'heure de partir à la rencontre de notre seconde actrice engagée lyonnaise. Nous sommes parties au parc Blandan pour retrouver Julie Caron, associée bénévole à Time for the Planet et membre de Project Rescue Ocean.

l'heure où la sixième extinction de masse se profile, Time for the Planet voit l'intelligence collective et l'entreprenariat comme des moyens d'agir, d'inverser la tendance. Il s'agit de mettre à profit la capacité de l'entreprenariat "à déployer rapidement des solutions, son indépendance politique et financière et sa culture de l’invention" au sauvetage de l'environnement. Le but final est de rassembler 1 milliard d'euros pour créer 100 entreprises luttant contre le réchauffement climatique.

Quant à Project Rescue Ocean, c'est une association née d'un ras le bol, celui de la pollution de l'Océan. Elle repose sur trois axes d'action : la sensibilisation dans les écoles pour former les futurs écologistes; les actions de dépollution; et la mise en valeur des déchets, c'est à dire travailler sur des possibilités de les recycler, tout en gardant en tête que "le seul plastique qui ne pollue pas est celui qui n'a pas été produit". Julie a passé 2 ans en Australie, ce qui lui a permis de développer sa pratique de l'anglais et son amour pour l'Océan. Plus tard, quand elle est rentrée en France, elle s'est engagée auprès de Project Rescue Ocean, et nous a raconté qu'elle participait à quelques dépollutions sur Lyon. Au delà de cette activité, c'est pour elle un moment convivial à partager avec d'autres personnes ayant le même intérêt.

Julie est une jeune femme naturelle et sans filtre, dont la sincérité rend justice à la cause qu'elle défend. Elle nous explique que Time for the Planet fonctionne comme une galaxie, avec des planètes pour chaque pays et pôles de compétences, et des comètes pour chaque projet. L'originalité de l'idée nous séduit immédiatement. Le fonctionnement se base sur un investissement, dès 1€, qui offre un pouvoir décisionnel proportionnel, sans retour sur investissement, mais plutôt un "retour sur la planète". Un retour aux sources qui fait sens, un investissement sur le long terme pour sauver ce qui peut encore l'être. Alors quoi de mieux qu'un retour sur la planète pour se recentrer sur ce qui se passe ici et maintenant ? Ces investissements permettront de monter des entreprises, en partant des 'comètes' soumises à l'association et étudiées par les membres. Pour être validées, elles doivent s'engager dans une démarche qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre, afin de lutter contre le réchauffement climatique. Chez Time for the Planet, Julie fait partie de la planète des graphistes & designers : chacun peut mettre à profit ses compétences, quelles qu'elles soient, et trouver son rôle au sein de l'association. Elle participe également à la relecture de traductions anglaises. Animée par son engagement, Julie nous a communiqué sa passion, et nous a donné l'envie de nous renseigner encore plus, et pourquoi pas, de rejoindre le mouvement. Pour rallier encore plus de monde à la cause, des personnalités notoires ont rejoint l'entreprise qui ne cesse de prendre de l'ampleur. Il y a par exemple le Stade lyonnais qui est l'un des financeurs, pour n'en citer qu’un. Une campagne de lutte contre le réchauffement climatique va d'ailleurs bientôt sortir : vous en serez plus prochainement, en attendant, c'est motus et bouche cousue pour nous !

Julie considère le temps comme un frein majeur, puisqu'il implique de prioriser et de faire des choix. Il faut apprendre à gérer son temps, ne pas oublier de se déconnecter et de prendre du temps pour soi. Son implication est si importante avec Time For The Planet et Project Rescue Ocean que cela en devient vite chronophage et énergivore, car elle peut y passer parfois plus de 20 heures par semaine. Son statut de bénévole signifie qu'elle n'est pas rémunérée pour ses efforts conséquents, mais Julie dit ne pas vouloir l'être parce qu'elle fait ça de bon cœur et pense que l'argent viendrait dénaturer les valeurs portées par ces 2 structures.

L'engagement, elle le voit comme quelque chose où l'on donne de notre personne à une cause, pas nécessairement à une cause qui nous tiens à cœur, mais à une cause qui nous émeut. Elle pense que parmi tous les problèmes sociaux/sociétaux/environnementaux qui existent, il y en a forcément un qui nous touche plus, et c'est cette sensibilité qu'il faut écouter, et donner de notre temps, de notre personne, de notre créativité à cette cause. Elle ne comprend même pas pourquoi certain se pose encore la question de s'engager, car comme Ticket For Change l'a constaté, 94% des français veulent s'engager mais ne le font pas. Pourquoi encore se poser la question alors que les faits sont là, et qu'il y a des gens et des causes qui ont besoin d'aide ? Julie souhaite que chacun retrouve sa part d'humanité et de sensibilité pour se reconnecter à ce qu'il se passe à côté de chez soi. "La clé pour s'engager dans une cause est de découvrir", découvrir ce qu'il se passe, découvrir les acteurs du changement, pour se rendre compte de l'urgence de la situation, et enfin sauter le pas : s'engager.


Ça commence par moi de Julien Vidal

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Surprises et surtout ravies qu'il nous ait accordé un moment pour le projet, ce fut au tour de Julien Vidal de répondre à nos questions, un ponte dans le milieu qu'on ne présente plus. Nous étions quelque peu stressées à l'idée de l'interviewer, mais plus que déterminées à bien le faire !

Entre la fin d'une campagne de crowdfunding et la rédaction d'un nouveau livre, Julien a pris de son temps pour répondre à nos questions. Par son dévouement pour la cause, il essaie d'insuffler de l'ambition et de redonner une sorte de fierté au mouvement écocitoyen. Cela passe dernièrement par son podcast 2030 Glorieuses, qu'il décrit comme partageant des "utopies réalistes". Il y interroge des personnes qui exercent des métiers dits de demain et qui, grâce à leur imaginaire, nous font voyager vers des utopies, ce à quoi pourrait ressembler le monde si chacun changeait de boussole et mettait ses lunettes "écocitoyennes". Ca commence par moi, est maintenant devenu une association qui catalogue 400 actions écocitoyennes individuelles ou collectives. Nous vous conseillons d'aller y jeter un coup d'œil !

Accessible, il a répondu à toutes nos questions avec un petit rire annonçant le début de sa réponse. Natif de Grenoble, il a grandi près des montagnes, et constaté les changements du au dérèglement climatique. Son voyage de 7 ans autour du Monde, dont 4 années passées à faire de l'humanitaire en Colombie et aux Philippines, l'a convaincu qu'il était temps d'agir. Issu d'un parcours en politiques internationales, il aborde l'écologie sous l'angle de la géopolitique, angle nouveau dans nos interviews. Julien a alors entamé sa "mue écocitoyenne" et a voulu en faire un mouvement global, au-delà de la simple dynamique individuelle. Il a donc chaussé ses "lunettes" à la vision écologique transcendante pour analyser son champ d'action. Optimiste dans l'âme, Julien est persuadé qu'il est possible de faire plus malgré ce que la société peut nous faire croire. Il refuse ce constat fataliste, et invoque une forme de résilience collective nécessaire. Il prend pour image des saumons qui remontent la rivière, parce que c'est instinctif et que c'est quelque chose qui nous dépasse, nous transcende, malgré le fait qu'on aille à contre courant.

Il dénonce une forme de dépossession de notre pouvoir d'agir par les médias traditionnels. Il faut apprendre à se réapproprier l'information et constater les biais des médias traditionnels. Pour appuyer ses propos, dans son livre "Ca va changer avec nous", il explique que 10 milliardaires français contrôlent 89,9% des journaux vendus et 53,3% de la part d'audience de TV. Cela peut questionner les intérêts de certains à passer sous silence tel ou tel sujet. Julien conseille de jeter un œil à : Mr Mondialisation, ReporTerre, SocialTer, Usbek & Rica, le podcast 'Dites à l'avenir que j'arrive", ou encore d'aller explorer la plateforme Imago.tv

Il cite également Sandrine Roudaut qui expose le mode d'emploi de l'utopie écologique dans les éditions La Mer Salée. Julien invite à repenser la place de l'Humain par rapport à la Nature pour comprendre qu' Homme et Nature ne sont pas séparés, et qu'au contraire, ils ne font qu'un : l'un n'existerait pas sans l'autre. Il nous parle aussi de l'équilibre féminin (yin) - masculin (yang) qui fait parti de chacun de nous, et pourtant, le yin est bien souvent laissé de côté. La société a besoin d'écouter ce côté féminin, avec les valeurs qui lui sont attachées, ne plus laisser la part belle à son égo dominer. Pour se rééquilibrer, il faut oser écouter son écologie intérieure, son écologie spirituelle. C'est un concept qui définit le fait que nous acquérons une conscience plus juste de nous, des autres et du vivant, et qui permet de questionner notre mode de vie : tendre vers une quête de sens et non plus une quête de croissance, de productivité. S'écouter est une forme de courage et de résistance, une volonté profonde d'être soi-même. C'est aussi être en accord "avec sa vibration personnelle la plus intense".




Les Jeunes Ecologistes

Pour clôturer notre semaine à Lyon, quoi de mieux qu'une interview dans le mythique parc de la Tête d'Or. C'est donc là-bas que nous avons rencontré trois jeunes aux caractères bien différents, du mouvement des Jeunes Ecologistes de Lyon.

Le mouvement des Jeunes Ecologistes est présent au niveau national depuis les années 80, et est divisé en groupes locaux. Il est politique et rattaché "par un statut d’autonomie solidaire au parti Europe Écologie – Les Verts." Des thèmes de société divers et variés sont abordés au sein du mouvement, tels que la dignité animale, la citoyenneté européenne, l'agriculture, les migrations, les libertés fondamentales, la culture... L'action prend différentes formes : manifestations, débats, conférences, participation aux campagnes électorales et autres. En ce qui concerne le mouvement en lui-même, qui dit étudiants dit beaucoup de turnovers. C'est difficile de pérenniser le mouvement à Lyon, mais nos trois intervenants, bien que nouveaux, sont déterminés à l'ancrer. Ils sont tous les trois engagés pour la "vague verte" qu'ils essaient de faire déferler sur la campagne des élections régionales. Parce que selon eux, les gestes individuels sont dérisoires par rapport à la quasi inaction des grosses industries et entreprises. Le vrai pouvoir se trouve dans nos votes. Pour cela, Loreleï rappelle l'importance de sensibiliser pour se défaire des normes sociétales qui s'accrochent. Il faut s'engager collectivement, rendre l'écologie au peuple, ne pas le laisser aux mains d'une minorité fortunée. Encore une fois, l'écologie est liée aux inégalités sociales, comme le rappelle justement Fabien.

En ce qui concerne nos intervenants, Léo est un jeune homme de 23 ans très engagé politiquement, qui n'a pas la langue dans sa poche. Il a passé 5 ans à l'étranger entre 2014 et 2019, et ne se sentait alors pas légitime d'agir en France, de par delà les frontières. Léo pense qu'une des solutions est la mise en place d'une taxe carbone, que c'est en touchant aux porte monnaie des pollueurs qu'on pourra les inciter à changer. Il avoue d'ailleurs avoir honte de son propre bilan carbone. C'est à son retour, dans sa commune, qu'il a constaté les scandales écologiques à répétition. La maire au pouvoir se souciait très peu de connaître l'impact de ses décisions sur l'environnement, chose qui l'a viscéralement révolté. Ses voisins ayant, par exemple, subi les conséquences d'un déversement de glyphosate sur le terrain de foot attenant. Léo se dit engagé depuis, pour une campagne d'écologie politique, contre les inepties et le greenwashing: un changement radical politique est nécessaire, le changement est inévitable. En revanche, il insiste sur le fait qu'il ne faut pas blâmer les pays en développement, ils ne font que ce que nous avons déjà fait bien avant eux, quel droit avons nous de leur refuser ce confort ? Aucun. C'est à nous de réduire notre consommation et de changer notre mode de vie avant tout. Comme Emilia nous l'avait déjà fait remarquer, Léo rappelle aussi que les premiers écolos restent ceux qui ont le moins, qui réemploient, et qu'il ne faut plus les exclure de la tendance écologique.

Quant à Lorelei, c'est un bout de femme de 18 ans, qui a tout juste passé son bac de philosophie. Elle a des rêves plein la tête, et est une perle d'engagement. Ses camarades de lycée la connaissent comme "l'écolo féministe de gauche", forte de ses idées, elle est motivée et motivante. Si nous avions un conseil à donner aux jeunes, ce serait de s'inspirer Loreleï, elle est transcendée par la cause environnementale, et se bouge pour faire changer les choses. Plus jeune, ce sont les incendies en Australie et le film 'Demain' qui ont créé le déclic. La prévision d'un avenir chaotique accompagné d'une crise climatique au tournant, l'ont poussé à s'engager. Son maître mot : "ne pas attendre que d'autres se bougent", parce que parler c'est bien, mais agir c'est mieux. Il s'agit simplement d'être en accord avec ses actions. Une chose qui la révolte particulièrement, c'est l'attentisme général : on sait, on s'en émeut mais on ne fait rien.

Quant à Fabien, c'est un jeune homme quelque peu timide de 23 ans, et qui de par son intérêt pour les luttes sociales, s'est peu à peu dirigé vers la question environnementale. Ce qui l'exaspère, c'est la recherche constante de consensus entre les différents groupes ou partis, ce n'est plus le moment de la division, l'urgence de la situation dépasse tous ces clivages. Il est plus que temps qu'ils s'en rendent compte. Et comme Antoine, l'ego de certains même en écologie, est un problème. Certains se servent de cette vague pour faire avancer leur carrière. La politique et l'écologie, cela reste une combinaison compliquée, souvent détournée. Ils se tirent dans les pattes alors qu'il faudrait plutôt prôner la bienveillance collective.

Comme avec Julien Vidal, le sujet de la 'masculinité' du système est abordé, il est urgent d'en sortir, de revoir les codes qui y sont associés. Il en va de même avec le paradoxe de l'engagement collectif : dans notre société individualiste, chacun attend d'en retirer un bénéfice. Le problème c'est que beaucoup ne voit que le bénéfice à court terme, et non celui à long terme.Puisqu'on est jeunes, on a de l'énergie à revendre, profitons-en pour la mettre au service d'une cause juste, prendre le pouvoir aux "boomers". Il est temps de remettre l'Humain et le Climat au centre des préoccupations politiques. Dépasser sa peur, parce que ça commence par toi, moi, vous.

Un dernier saut à Toulouse avant de rentrer à La Rochelle

Abeillons

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Après un week end bien mérité, nos deux compères de la team ACTION se sont rendues à Toulouse, dernière étape du périple. Pour être précis, c'est à Léguevin que nous avons été accueillies par Faustine et Jérémy, fondateurs d'Abeillons.

Faustine et Jérémy sont de véritables perles : ils sont accueillants, authentiques, généreux, et prônent le "vivre simplement". Issus respectivement d'un cursus en économie énergie des bâtiment, et de comptabilité, ils ont tout les deux souhaité revenir à l'essentiel avec Abeillons. Faustine était en quête d'un moyen d'exprimer sa créativité, et Jérémy s'était redirigé vers le monde de l'artisanat en devenant menuisier, Abeillons a logiquement suivi. Envie de changer de quotidien ou en quête de sens, les amoureux se sont lancés dans un périple à vélo à travers plusieurs pays, et ont ressenti le besoin d'un retour au naturel. C'est notamment leur passage au Japon qui leur a fait prendre véritablement conscience de la bêtise du suremballage, du plastique à usage unique. C'est pour cela qu'avec Abeillons, ils essaient au maximum de réduire les déchets et chutes, et qu'ils valorisent le réemploi. Les chutes de tissus servent à fabriquer des cotons démaquillants, les chutes de coupe servent de nœuds pour les wraps...Et encore milles et une astuces. Abeillons est une alternative écologique à l'emballage plastique ou aluminium.

Autodidactes, ils nous avouent que les débuts n'ont pas été faciles, et que par rapport à d'autres, ils sont encore un peu lents. Mais est-il vraiment nécessaire d'être plus rapide ? Nous trouvons que cette 'lenteur' est aussi gage de qualité, ils prennent leur temps pour expérimenter et développer un produit en accord avec leurs valeurs. Abeillons c'est du coton bio, certifié GOTS (la plus haute certification en matière de bio), de la cire d'abeilles d'apiculteurs locaux, de la résine de pins des Landes, de l'huile d'olive bio de la région de Perpignan et de la minutie. L'approvisionnement en cire est dépendant de la météo, de la floraison des arbres (faux acacias, marronniers...), et donc plus ou moins aléatoire. Abeillons commerce régulièrement avec 10 apiculteurs, et ont un carnet d'une trentaine de contacts. Cela peut sembler peu, mais il faut savoir que pour qu'un apiculteur puisse se permettre de vendre son surplus de cire, il faut qu'il possède entre 400 et 800 ruches. En dessous de ce nombre, il n'y a pas de surplus puisqu'il réutilise la cire pour faire ses cadres, entre chaque saison de récolte. C'est aussi pour cette raison qu'Abeillons n'utilise pas de cire bio, car les apiculteurs labellisés bio sont moins nombreux, ont moins de ruches, et subissent souvent plus de pertes. Il faut aussi distinguer la cire de corps et la cire de surface (qui filme les alvéoles pour contenir le miel), la première étant en plus grande quantité mais de moins bonne qualité : la cire fonctionne comme une éponge, elle absorbe les impuretés et les pesticides. Il faut donc la changer sur une fréquence d'à peu près tous les 2 à 5 ans.

Comme l'a bien dit Faustine, c'est quand on rentre dans un milieu que l'on se rend compte de sa complexité, et que l'on se rend compte aussi du flou qu'il peut y avoir, notamment en termes de lois. Jérémy nous parle du manque de régulation en matière de cire : comme pour la térébenthine qui peut venir du pin ou du pétrole, la loi n'oblige pas à mentionner la source de la cire, ni sa qualité. Elle peut par exemple, être mélangée à de la paraffine ou être de la cire de corps (de moins bonne qualité que la cire de surface) et être estampée en tant que cire d'abeilles.

Comme ECOB, ils ont parfois été un peu frustrés par la difficulté ou l'impossibilité de faire ce qu'ils souhaitaient, de mettre en œuvre à 100% leur bonne volonté. C'est aussi ça l'entrepreneuriat, ne pas se reposer sur ses acquis parce que tout bouge tout le temps, et qu'il faut savoir rebondir face aux contraintes. Faustine et Jérémy font au mieux dans la mesure du possible, restent cohérents avec leurs valeurs, et font de leur engagement un fil rouge. Humbles, nous trouvons qu'ils ne se rendent pas compte de la véritable ampleur de leur engagement au quotidien. Ils ont d'ailleurs été surpris de l'accueil incroyable de leurs produits et des réactions positives à leur initiative. Ils n'ont pas pour ambition de sauver le monde avec Abeillons, mais c'est en mettant bout à bout ce genre d'initiatives qu'on y arrivera peut être, ça vaut au moins la peine d'essayer, ne serait-ce que pour soi-même. Leur conseil aux jeunes est d'aller à la rencontre de ceux qui sont déjà engagés, pour mieux se lancer et trouver son terrain d'engagement. Abeillons est une entreprise qui propose de vrais produits avec de réelles valeurs humaines, pilotée par des entrepreneurs aux grands cœurs.

Un élan de motivation par un jeune pour les jeunes, rencontre inspirante même à distance

Johan Reboul alias Le Jeune Engagé

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Agé de 22 ans, Johan est actuellement en Erasmus à Bruxelles pour ses études en Sciences Politiques. Il est persuadé que les politiques publiques ont un rôle majeur à jouer, et il aimerait "faire partie de ce changement". Selon lui, il faut dépasser cette division communisme / capitalisme qui n'est plus d'actualité. Au lieu d'être antisystème, il voit la possibilité de réinventer le système déjà bien établi.

Face à la crise environnementale et au déclin foudroyant de la biodiversité, Johan a ressenti le besoin de se mobiliser, et de mobiliser les troupes. Plus jeune, il a été choqué de découvrir, via le #nutella tue les orangs outans, l'impact de sa marque de pâte à tartiner favorite sur les populations d'orang outans à Bornéo. Alors âgé de 16ans, il a pris sa responsabilité en main, et a lancé une pétition qui a pris une ampleur inattendue. Fort de cette réaction, il a alors lancé une deuxième pétition, interpellant cette fois la marque LU. Encore une fois énormément relayée, il a même été directement contacté par des dirigeants de cette entreprise, qui ont tenté de l'intimider pour qu'il lâche l'affaire, invoquant un approvisionnement 'responsable' en huile de palme. Johan s'est bien rendu compte que l'union fait la force et voulait aller plus loin, rassembler les gens pour avoir un réel impact. Johan rappelle qu'en tant qu'individu, que citoyen, nous sommes tout un chacun capables d'agir.

La clé selon lui c'est l'accès à l'information, savoir s'entourer ou au moins apprendre des spécialistes. Il faut savoir croiser ses sources d'informations et y avoir un aspect critique pour ne pas tomber dans la désinformation. C'est entre autre pour cela qu'en 2017, il lance son site le JeuneEngagé.com pour servir de canal d'information, notamment sur des sujets souvent peu abordés par les médias traditionnels. Il vulgarise et propose des solutions concrètes aux maux de notre société. D'abord présent sur Facebook, il a voulu diversifier son audience en passant sur Instagram et TikTok. Cela lui a permit de toucher un public plus jeune mais aussi en dehors de sa cible habituelle, des jeunes pas encore sensibilisés ou engagés. Avec l'humour, Johan essaie de rendre l'écologie plus attractive et moins anxiogène. Il explique bien que "l'écologie, ce n'est pas quelque chose de chiant, de contraignant, c'est quelque chose de la vie de tous les jours". Il cherche à dédiaboliser le terme "écologie", le rendre plus inclusif. Au fur et à mesure, une demande a émergé de son public : les réseaux sociaux ont ce côté volatile, et ils auraient aimé quelque chose de concret, où l'information est regroupée. C'est là que lui ait venu l'idée d'un livre, idée qui a été plus que bien reçue. En mars 2021, il a donc publié son livre, le guide du Jeune Engagé, guide concret qui explique comment s'engager et pourquoi. A travers son site et son livre, il invite à développer son sens critique, ainsi qu'à diversifier ses sources.

Un des freins que Johan mentionne quant à l'engagement est l'éco anxiété : l'avenir est angoissant et il faut s'autoriser des temps de déconnection, accepter les moments de déprime. Même les 'modèles' ont leurs moments de faiblesse, nous restons humains, personne n'est parfait. Il rappelle également que les ressources financières entrent en jeu, et que chacun fait comme il peut et à son échelle, qu'on ne connaît pas la vie de chacun, on ne sait pas ce que cette personne est en train de vivre, on ne peut pas juger. Il ne faut pas chercher à être irréprochable, même si certain l'attendent de nous, et exercent une pression. Etre inspirant plutôt que moralisateur pour rallier à la cause, "le positif attire le positif" selon ses propres mots. Son conseil aux jeunes : beaucoup se posent des questions, il faut suivre son cœur et se lancer. On peut commencer par trouver une cause en particulier à défendre, pour laquelle s'engager puis étoffer au fur et à mesure. Il existe une multitude de causes, chacun peut y trouver son bonheur. Et surtout, se rappeler que les jeunes ont leur mot à dire: ils sont légitimes, informés et sensibles aux questions environnementales.



Et maintenant ?

Ca y est, notre périple français touche à sa fin ! Nous sommes plus qu'enchantées d'avoir eu la chance de rencontrer toutes ces personnes inspirantes, qui ont pris de leur temps pour partager leurs expériences avec nous. Maintenant, la team ACTION va se reposer un peu pour repartir de plus belle, et rendre compte de ces témoignages au travers d'un écrit et d'une série d'épisodes vidéos. Alors ne ratez rien, suivez-nous sur nos réseaux sociaux pour voir la finalité de notre projet. Nous avons hâte de vous partager les pépites que nous avons rencontrées !

A bientôt !

Emma & Chloé, Team ACTION.